Toute la vérité et rien que la vérité... Ne jurez pas Marie-Thérèse

En ce matin glacial, et grâce aux neurones (tout aussi) torturés (que les miens) de  MiniTiti, je planche ce matin sur l'intérêt et la nécessité de tout dire, systématiquement ? Toute vérité est-elle bonne à dire ?

Vous avez tous des avis sur la manière dont vos amis gèrent les choses (mal), vivent leur couple (n’importe comment), éduquent leurs enfants (ou ne les éduquent pas justement) ou dépensent leur argent (en le jetant par les fenêtres bien sûr). Parfois vous savez même des choses qui pourraient les blesser (Machine a dit à Truc qu’elle avait vu le mec de Bidule galocher Chosemuche) ou les mettre dans une position inconfortable (Truc, qui dans le cas présent, est donc au courant mais ne dit rien). Vous essayez d'amorcer la discussion, vous tournez autour du pot, mais devez-vous tout leur dire ? Par ailleurs, avez-vous la certitude que ce que vous avez à dire va servir au bien-être de l'Autre ? Est-ce vraiment la bienveillance qui vous pousse à parler ? Parce que si l’on doit prendre le risque de perdre l’Autre en lui disant une Vérité, le but final doit en valoir sacrément la peine.

Il n’est pas toujours évident, une fois le pour et le contre pesé, de trouver le courage de parler et de dire ce que vous avez à dire. Parfois, l’Autre ne voudra rien savoir de que vous lui dites, même si vous lui démontrez par A+B que oui, son couple est merdique et bousillé. Parfois, l’Autre entendra votre argumentaire sans sourciller, sans se fâcher, gentiment, tel que vous le lui donnez, même si l’Autre n’a pas envie d’entendre vos conseils sur la manière d’éduquer vos enfants. Parfois, vous irez au conflit, parce que trop de choses sous-jacentes brouillent la lecture simple de ce seul  "enlèves toi les doigts du* et secoue ta vie".

Parce qu’en amont de cela,  ce que vous avez à dire, c'est votre vérité, êtes-vous sûrs que ce sont des faits neutres et objectifs qui vous servent d'arguments ? N'est-ce pas votre vision de la situation ? Parce que du coup, votre argumentaire se rapproche plutôt d'un avis sur telle ou telle question, et l'Autre est-il prêt ou a-t-il envie de l'entendre ?

A mon sens, non, tout ne doit pas être dit. Parce que cela peut blesser, fâcher, vous faire perdre au mieux du temps et au pire des amis. Parce que des fois, il vaut mieux ne pas savoir tout simplement. Faire l’autruche encore un peu, même si dans le fond, quand vous saurez ce que vous avez à savoir, vous réaliserez que vous avez toujours su (vous suivez ?). Il faut également être convaincu du bien-fondé de sa démarche, parce que c’est le seul moyen que l’Autre aura de savoir que cette démarche n’est pas faite pour lui nuire mais pour l’aider. Parce que c’est censé être le but final non ? Aider l’Autre à avancer, à se sortir du marasme dans lequel il s’embourbe, à faire les bons choix ou encore à arrêter de refaire encore et toujours les mêmes erreurs.

 Il faut également savoir quoi dire (user de diplomatie n’est pas superflu dans ces cas-là) et à qui le dire. Parce que tout le monde ne peut pas entendre ce que vous avez à dire. Non parce que l’Autre est sot, borné ou con (quoique des fois…mais bon du coup perdre l’Autre devient moins grave), mais parce que votre relation à l’Autre n’est peut-être pas assez solide pour survivre à cela. Vous ne pouvez pas tout dire à tout le monde. Le coup de l’honnêteté radicale, cela ne fonctionne qu'avec de rares personnes. 

Par contre, quand vous arrivez à dire, et que vous constatez que l’Autre arrive à entendre, quoi que l’Autre fasse de ce que vous avez pu lui dire (parce que votre but est qu’il entende, pas forcement qu’il agisse comme vous le souhaitez, sinon cela s’appelle de la manipulation et cela fera l’objet d’une autre chronique, bientôt), vous réalisez combien cette relation valait la peine d’être vécue / sauvée.

Si vous aimez l'Autre, préservez-le. Si l'Autre vous aime, il comprendra pourquoi parfois  vous ne l'avez pas fait.