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Chroniques des reflexions de mon miroir

Définir c'est limiter

10 Juin 2013 , Rédigé par Miss Miroir

Définir c'est limiter

Mon ami Oscar a décidément toujours le mot juste.

Définir une situation future, une relation, une action, c'est lui donner un cadre, quel qu'il soit. C'est autoriser ou ordonner certaines choses, ou en exclure ou interdire d'autres, voire parfois un savant mélange des deux. Poser des mots sur un concept, c’est entre autres ce que je fais ici à travers les Chroniques, et j’essaye justement de ne jamais limiter mon propos, pour que chacun puisse l’adapter à sa propre situation. Mais définir, c’est toujours limiter.


Définir le déroulement d'une journée, c'est en décider ce qui s'y passera et par extension exclure tout ce qui n'est pas dans la définition. Cela ne veut pas dire pour autant que la définition n’évoluera pas, et que votre journée sera exactement telle que vous l’imaginiez, mais la ligne directrice est donnée.


Définir une relation, c'est l'inclure dans un cadre de références pour ce qui doit s'y passer ou à tout le moins ce qui n'est pas censé s'y passer. Cela ne veut pas dire pour autant que vous respecterez stricto sensu le cadre, mais si vous l’outrepassez, vous le ferez sciemment.


Vous limitez donc bien la pratique ou l'usage à la définition que vous y avez mis.


Si vous achetez des chaussures en satin noir pour un mariage, et que dans votre tête elles sont "les chaussures du mariage de Cunegonde", vous aurez du mal à les porter pour aller au travail ou en soirée, parce qu'elles auront toujours dans votre tête la connotation mariage qui vous donnera la sensation d'être trop habillée pour aller au travail.


Le problème, c'est que parfois, même si vous n’en voulez pas, le cadre est nécessaire pour éviter la dérive. Tous les parents vous le diront, sans cadre même le plus angélique des enfants peut se transformer en cauchemar. Pourtant, il est nécessaire d’avoir une certaine latitude de mouvement pour ne pas étouffer, pour ne faire avoir le sentiment d’être enfermé dans un mécanisme dont vous ne voulez pas…Vous savez que vous ne pouvez décemment pas aller travailler en tongs quand vous êtes militaire, ou que vous ne pouvez pas faire un marathon en Louboutin. Enfin si, dans l’absolu vous pouvez, mais cela ne sera pas sans conséquence.

Comment alors essayer de ne pas poser de cadre tout en évitant les dérives ? Comment adopter un système de références commun tout en ne l’assimilant pas à un cadre ?

Comment, par exemple, réussir à acheter une paire d’escarpins très spécifiques pour une occasion spéciale tout en essayant de ne pas l’y cantonner ? Ou, pour arrêter les métaphores chaussuresques, comment, exclure le mensonge des options, parce que l’honnêteté fait partie de vos valeurs de référence, sans pour autant définir la relation ? Parce que l’exclusion fait partie de la définition, nous l’avons constaté plus haut. Comment, par exemple, inclure la confiance dans une relation, sans pour autant définir la relation ? Parce que l’énumération fait partie de la définition, nous l’avons également constaté plus haut…

C’est dans les moments de doute que vous trouverez la réponse. Parce que les choses essentielles à vos yeux, celles qui vous servent de base dans votre vie, les valeurs qui pour vous sont non-négociables constituent des barrières et un cadre pour vous. Et à défaut de définir un élément précis, vous savez définir ce qui vous convient à vous ou non. Si vous ne savez pas si ces « chaussures de mariage » sont adaptées pour aller au boulot, tournez-vous vers plus large comme réflexion : est-ce pratique pour les transports ? Est-ce qu’elles vont, dans le style, avec le reste de votre tenue de travail ?

Que vous ne souhaitiez pas mettre des mots sur une situation précise, que vous ne vouliez pas coller une étiquette sur quelqu’un ou que vous refusiez de programmer des choses à l’avance, ce n’est pas un problème tant que lesdites situations, gens ou choses ne vont pas à l’encontre de ce en quoi vous croyez vous, ou tant que les conséquences ne sont pas fâcheuses. Si pour vous l’uniformisation de style vêtements-chaussures-sac à main est primordiale, n’y coupez pas sous prétexte que cette paire de talon est en solde. Si pour vous les rapports de confiance et l’honnêteté sont essentiels, ne faites pas l’impasse sur cela si le flou non-défini implique d’y renoncer. Si pour vous la simplicité prime sur tout le reste, n’y renoncez pas au nom d’une chose-qui-ne-se-définit-pas.

Définir, c’est en effet limiter. Mais chaque petite chose faisant partie d’un tout, et étant entendu que chaque Tout a des limites (votre vie, votre salaire, votre garde-robe, votre travail, votre personnalité), même si vous ne définissez pas le Petit pour ne pas le limiter, il se limitera de lui-même au Tout.

Donc ne donnez pas de cadre tant qu’il n’y a pas d’incohérence, et lorsque vous vous heurtez à une chose qui va à l’encontre de votre Tout, demandez-vous si cela en vaut vraiment la peine, si les bénéfices en sont vraiment et si les conséquences sont assumables.

Parce que porter une paire de Louboutin vert pomme juste pour ne pas les cantonner à des chaussures de soirée alors que vous êtes en jogging à pression, ou avoir un discours contradictoire juste parce que personne ne pourra jamais prouver l’une ou l’autre des versions, cela vous permet peut-être de ne pas définir, cela ne vous limite pas, mais cela vous donne l’air un peu con.

Définir, c’est limiter. Ce n’est pas une raison pour faire n’importe quoi.

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