Les petites lueurs d'Espoir
Il y a des matins où vous avez le sentiment que tout est difficile, des réveils qui sont plus durs que d’autres, et des motivations à aller bosser qui semblent moins fortes que l’appel de la couette et ce, quel que soit le métier que vous faites.
Certains ont une vocation depuis qu'ils sont gosses, d'autres ont établi une stratégie professionnelle pertinente en calculant le cosinus de la racine de pi, un bon paquet d'entre vous ont atterri dans un métier au nom improbable et inconnu il y a 10 ans, et quelques uns n'ont rien choisi du tout, avançant au petit bonheur la chance en fonction de leurs envies et de la couleur de la ligne de métro.
Parmi tous ces gens, il y en a qui ont fait des choix de métiers qui suscitent chez moi une admiration sans limite et qui me font réaliser que même si j’ai du mal à me botter l’arrière-train pour aller au bureau, franchement mon boulot est cool en comparaison. Je ne parle pas forcement des urgentistes ou des pompiers dont on sait qu'ils voient des choses très dures, et qui ont évidemment tout mon respect, ni des hommes bleus ou kaki qui ont aussi un quotidien musclé. Plutôt de ces petites ombres dont on parle très peu et qui pourtant côtoient eux aussi la tristesse, la misère, la maladie et/ou la mort. Les aides-soignantes et infirmières, les assistantes sociales, les instituteurs spécialisés et les esthéticiennes (mais pour d'autres raisons) par exemple.
Et ce qui éveille en moi cette admiration, ce n’est pas tant que ces bonnes âmes aient choisi ce métier que je ne pourrais pas faire, mais plutôt qu’elles arrivent toujours à trouver qu’elles s’en sortent bien, parce que leur collègue, elle, voit des choses difficiles. Les petites ombres minimisent la rudesse de leur quotidien non pas par fausse modestie, mais parce que réellement elles ont des limites encore plus éloignées des miennes qui font que dans leur échelle à elles, leur métier n’est pas si dur. Et c’est ca qui est fou. Cela dit, c’est logique hein, mais ca me laisse toujours sans voix.
Ce sont des personnes solides, bien ancrées dans le sol, qui apportent leur petite pierre à l’édifice de chacun. Leur métier change la vie de ceux qui font appel à elles, il n’est pas basé sur le fric, l’apparence ou le rang social qu’il confère. C’est grâce à elles que tout un chacun, même au fin fond du 3e sous-sol à gauche, peut espérer du mieux. Des petites lueurs d’Espoir dans l'ombre grise et triste (et vous savez à quel point l’Espoir est important pour moi).
Tout ce qui touche les gens de près ou de loin, les enfants, les vieux, les handicapés, les malades, me semble inaccessible parce que je serais parfaitement incapable de gérer émotionnellement. Je suis une éponge et je pleure très facilement, même un film triste peut me plonger dans un profond désarroi pendant des jours, aussi je sais que je ne pourrais pas faire ce genre de métier sans me retourner le cerveau et surtout sans montrer à l’Autre le grand désespoir dans lequel me met sa situation. Ce qui est donc l’exact opposé de ce que les personnes dans des situations difficiles ont besoin.
Aussi ce matin, alors que le réveil a été rude, j’ai eu une pensée pour ceux qui vont passer la journée à consoler / aider / soutenir / soigner / limiter les dégâts et j’ai réalisé que c’était à eux qu’il fallait souhaiter de la force et du courage, à eux qu’il fallait envoyer des sourires et des stocks de chocolat, à eux qu’il fallait dire : allez ma jolie, tu vas passer une bonne journée !
Bravo et merci de m'avoir fait relativiser…